Lors du sommet du G7 à Hiroshima (19-21 mai 2023), les dirigeants des sept puissances économiques ont réaffirmé, dans leur communiqué commun, leur engagement pour un Partenariat mondial pour les infrastructures et les investissements (PMII).
Ce programme, lancé au précédent sommet du G7 de Schloss Elmau en Allemagne en juin 2022 vise à aider au financement de nouvelles infrastructures dans les pays émergents ou en développement, pour ainsi construire les infrastructures nécessaires à leur développement, mais aussi assurer la continuité des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Ce partenariat mondial se concentre sur quatre objectifs principaux qui sont les suivants :
- la construction de nouvelles infrastructures résilientes au changement climatique ;
- le développement des nouvelles technologies de l’information ;
- l’égalité hommes-femmes ;
- le renforcement des systèmes de santé.
Pour atteindre ces objectifs, les pays du G7 ont promis d’investir 600 milliards de dollars dans ce nouveau programme, les Etats-Unis, à eux seuls, en financeraient un tiers, à horizon 2027. L’Union Européenne n’est pas en reste puisque sa contribution au partenariat global s’effectue à travers son propre programme « Global Gateway » doté de 300 milliards de dollars.
Les financements réalisés par les membres du G7 devraient servir d’accélérateur à des investissements privés, les projets du PMII seraient gages de qualité pour les entreprises privées.
Du « Blue Dot network » au PMII
Le Partenariat Mondial pour les Infrastructures et les Investissements est en fait l’héritier d’initiatives précédentes dont le réseau Blue Dot inauguré par Washington, en coopération avec Tokyo et Canberra, en 2019, pour concurrencer le programme chinois de la « Belt and Road Initiative » lancé en 2013. Le « Blue Dot network » devait se différencier de l’initiative chinoise par la plus grande participation du secteur privé dans le financement et la construction de ces infrastructures et la priorité donnée à des critères de qualité afin d’assurer un développement durable.
C’est en s’inspirant du « Blue Dot network » que le G7 a inauguré en 2021 le programme « Build Back Better World » (B3W) pour trouver des solutions au manque d’infrastructures dans les pays en voie de développement. Le B3W a été renommé en Partenariat mondial pour les infrastructures et les investissements.
Une alternative à la BRI chinoise ?
Si le PMII a été pensé comme une alternative à la BRI chinoise qui promouvrait des projets plus transparents, plus verts suivant des principes de gouvernance plus démocratiques, il peut être considéré comme complémentaire à la BRI pour les pays bénéficiaires. Ces derniers, faisant face à des besoins de financements considérables pourraient prétendre à une coopération auprès des deux programmes. Pour le président sri-lankais Ranil Wickremesinghe, toutes les initiatives sont à étudier pour favoriser le développement de son pays, il n’y a pas de choix à faire entre les Etats-Unis et la Chine.
D’autre part, la priorité donnée à l’aspect « gouvernance » dans les projets du PMII devraient inciter la Chine à revoir ses propres critères pour les projets BRI, comme elle l’a déjà fait concernant leur dimension environnementale suite aux premières critiques.
Quelles réalisations ?
Aujourd’hui, les projets financés dans le cadre du PMII restent encore limités. Les Etats-Unis, à travers les agences USAID et Millennium Challenge Corporation, ont cependant financé plus d’une douzaine de projets, notamment dans les secteurs de l’agriculture et des énergies renouvelables en Afrique, en Amérique latine et en Asie du Sud-Est.
L’Union Européenne privilégie aussi les infrastructures de transports, de santé et d’énergies notamment dans la région des Balkans orientaux, mais aussi en Indopacifique, en Afrique et n Amérique latine. Ainsi, la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen a évoqué le chiffre de 90 projets Global Gateway menés pour la réalisation du PMII.
Pour répondre à la promesse des 600 milliards de dollars pour 2027, les actions des membres du G7 devront s’accélérer sans sacrifier les critères de qualité définis préalablement. Pour les Etats en développement, et pour les entreprises désireuses de renforcer leur présence dans des marchés émergents, le PMII présente des opportunités intéressantes.
Pour assurer la continuité du PMII, les Etats-Unis, l’Union Européenne, mais aussi le Japon et le Royaume-Uni devront renforcer la coordination entre leurs différentes initiatives et ainsi donner plus de visibilité au PMII, mais aussi encourager des projets communs et interrégionaux avec des acteurs locaux des Etats en développement.
En réaffirmant leur soutien au PMII, les membres du G7 confirment une plus grande coopération entre leurs agences de développement, les acteurs du secteurs privés et les pays émergents, qui doit bénéficier à l’ensemble des parties.
Le cabinet Cooperans est disponible pour mettre son expertise au profit des porteurs de projets PMII.